Le constructivisme est un courant de pensée psychologique
et éducatif développé au XXème siècle. Il occupe aujourd’hui une place
essentielle en Sciences de l’éducation et dans la recherche. C’est pourquoi,
nous proposons de nous y attarder afin d’élaborer et de préciser notre travail
de mise en application d’outils TIC dans l’enseignement.
Dans un premier temps, il est important de resituer le
constructivisme. En effet, ce dernier se développe à la suite d’une période
d’expansion de l’éducation nouvelle qui propose des formes de pédagogies
novatrices. Dans cette perspective, il est nécessaire de noter que le
constructivisme s’inscrit dans un courant psycho-éducatif plus important qui
est le cognitivisme. Ce courant considère la pensée comme un processus de
traitement de l'information. Le cognitivisme se décompose en plusieurs théories
telles que le constructivisme, la théorie piagétienne, mais aussi la
théorie du traitement de l'information ou bien encore celle de Freinet.
D’après le cognitivisme, la cognition est une manipulation
de représentations symboliques qui s'organisent autour de règles de
fonctionnement. Le constructivisme reprend à ce courant l’idée selon laquelle,
l’apprenant utilise ses fonctions cognitives au travers des concepts
d’assimilation et d’accommodation développés dans les théories du traitement de
l’information. Toutefois, le constructivisme dépasse ce prérequis du cognitivisme pour tendre à
la construction d’un enseignement dans lequel, l’élève ou l’apprenant est l'acteur de ses propres connaissances.
Ces théories sont donc, d’une certaine
manière, en opposition au courant béhavioriste que nous avons détaillé
précédemment.
Nous allons maintenant nous cibler davantage sur le
constructivisme de Jean Piaget.
Cette théorie du XXème siècle présente la
connaissance comme une construction de l’apprenant de ses apprentissages. L’élève
apprend par ses représentations, il apprend à construire ses connaissances.
L’élève va interpréter la connaissance au travers de la perception qu’il aura
de ses expériences passées mais également de celles à venir. Le cœur de cet
enseignement est donc ciblé sur l'élève et non plus sur les apprentissages.
De plus, pour Piaget ces expériences sont interprétées et perçues différemment selon une perspective diachronique. Les erreurs et tâtonnements
réalisés par l'élève aux différents stades de son développement vont lui
permettre de construire de nouvelles connaissances.
Il est également important de noter qu'il existe une seconde théorie
cognitiviste qui vient compléter la théorie piagétienne. Cette dernière est la théorie du traitement de l’information
qui suppose que le système cognitif est
un système de traitement de l’information actif. De fait, l’apprenant ne
se trouve pas dans un enseignement passif. L’information est traitée par une
suite de processus cognitifs, tels que la perception, l’encodage, le stockage
et la récupération mais bien d’autres encore. Selon cette même approche, la saisie de l’information s’effectue par
l’intermédiaire de récepteurs
sensoriels, à l’aide des 5 sens (odorat, la vue, le toucher, etc.), et se
maintien durant un temps inférieur à la seconde. Notons que ce maintien s’effectue
sous une forme brute, non traitée et non analysée. Le processus d’encodage permet au cerveau d’enregistrer l’information
et tend à former des traces mnésiques dans l’esprit de l’élève.
Dans son constructivisme, Piaget reprend trois processus importants
de nombreuses théories issus du cognitivisme. Tout d’abord, l’assimilation
permet au sujet d’intégrer les nouvelles connaissances présentées en les
associant à ses schèmes préexistants. Par la suite, à travers le processus
d’accommodation l’apprenant construit de nouveaux schèmes qui permettent
d’intérioriser ces connaissances.
Enfin, une équilibration organise la restructuration des
schèmes mentaux afin de fixer définitivement les connaissances acquises. Le
cognitivisme précise l’importance du déséquilibre soit de la mise en défaut des
connaissances antérieures à l’acquisition de nouvelles. Dans ce fonctionnement,
le conflit cognitif est
prépondérant car il permet de dépasser l’acquis pour tendre à l’accès du prochain
stade de développement piagétien. Il y a donc un intérêt à proposer des situations-problèmes adaptées au
niveau d’apprentissage de l’apprenant afin de lui permettre d’évoluer. Il est à prendre en compte l’intérêt du
chercheur quant à ses stades de développements de l’individu. Il décrit ainsi
le développement de sa pensée. Piaget est un précurseur quand il affirme que la
connaissance est mouvante, qu’elle est un développement.
Il fondera par la suite le Centre International
d’Epistémologie Génétique afin d’y développer ses théories.
Au travers de l’observation, notamment celle
de son propre fils, Piaget distingue des constances dans l’évolution de la
pensée. Il pose donc l’hypothèse selon laquelle l’être humain s’adapte
naturellement à son environnement. Il s’agit effectivement d’un processus dit «
actif » dans lequel l’apprenant n’est pas « façonné » passivement par
son milieu mais où il cherche à le comprendre par ses expériences, ses
explorations, ses examens et ses sensations. Piaget construit le concept de
schème. Cette structure cognitive interne est à la base de toute action. En effet, selon
Piaget, l’enfant naît avec petit répertoire de schèmes sensoriels et
moteurs qui sont innés, et vont lui permet d'explorer le monde. Nous pouvons donner comme exemples des actions telles
que regarder, goûter, toucher, sentir ou entendre. Ces schèmes se complexifient
petit à petit afin que l'enfant catégorise son monde, le découvre davantage et le
caractérise progressivement.
Piaget distingue 5
stades de développement que l’on peut résumer de la manière
suivante :
- (0 à 18 mois) sensori-moteur, début des
représentations mentales par l’intermédiaire des sens
- (2 à 7 ans) pré-opératoire,
diversification des formes de pensées et prise en compte de la divergence
d’opinion de l’autre.
- (8 à 11 ans) opératoire, développement
des opérations mentales uniquement liées à l’objet.
- (à partir de 11 ans) opérations formelles,
développement de la pensée hypothético-déductive à l’adolescence et du
raisonnement.