jeudi 2 février 2017

Ressemblances et différences entre béhaviorisme et constructivisme


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RESSEMBLANCES :

Dans cet article, nous vous proposons de vous intéresser aux similitudes et aux différences existant dans chacun des courants théoriques dont nous avons parlé dans nos publications précédentes, à savoir le béhaviorisme et le constructivisme.

En ce qui concerne les ressemblances, nous pouvons noter que les deux courants que nous traitons proposent un apprentissage progressif. Le béhaviorisme fonctionne par "paliers"; c’est lors de l'acquisition d'un comportement ou à son retrait que l'apprenant pourra accéder au palier suivant de son enseignement, quand le constructivisme lui permet de progresser par étapes. D'après Piaget, lorsque l'élève a atteint un certain niveau de développement, il va pouvoir passer à l'étape qui suit dans son apprentissage. Ainsi, ces deux courants qui offrent donc un découpage de l'enseignement et une pédagogie progressive.

De plus, on constate que l’ensemble de ces théories donnent à l’erreur une place importante dans les apprentissages. On observe que l’inexactitude est constitutive de l’éducation. Prenons l’exemple du béhaviorisme : les erreurs sont considérées comme des accidents, qui révèlent des sous-objectifs mal découpés, ou du moins insuffisamment décomposés. Elles sont donc à considérer comme des moments clés dans l’apprentissage de l’enfant. Dans le constructivisme, les erreurs sont révélatrices de conceptions inappropriées et inadéquates. Les essais/erreurs sont nécessaires dans la construction du savoir. Les avantages de cette façon de voir les erreurs permettent à l’enfant de donner du sens à son apprentissage car il est confronté à un problème qu’il doit résoudre. De plus, les compréhensions initiales de l'élève, qui étaient des conceptions inadéquates, ne risquent pas de réapparaitre, car elles ont été soit supprimées soit reforgées. Ainsi, grâce à ses essais et ses erreurs, l’enfant possède des savoirs et des connaissances solides et durables, car il les a construit lui-même.

Pour étayer cette pensée, nous pouvons évoquer l'idée selon laquelle le béhaviorisme et le constructivisme sont des courants d’apprentissage et non d'enseignement. Une idée nouvelle mais tout aussi importante, est celle que ces deux courants ont chacun une influence sur l’environnement, bien qu’ils ne prennent pas en compte l’environnement social de l’élève.

Dans ces deux théories, pour atteindre les différents paliers ou stades, l’apprenant est motivé par objectifs. En effet, le fait de progresser permet d’atteindre certains objectifs fixés, ce qui va le motiver à en atteindre encore davantage. Cela va ainsi former un cercle vertueux d’apprentissage, dans lequel l’apprenant est motivé par l’atteinte d’objectifs croissants, que ce soit lui-même qui les ai définis ou l'adulte.

Ainsi, le béhaviorisme et le constructivisme s’accordent sur un autre sujet : la progression, au rythme de l’élève. Par cela, on entend que ces théories prennent en compte le rythme biologique de l’enfant. Dans le constructivisme, Piaget a été le premier à parler de stades de développement chez l’enfant, qui, selon lui, correspondrait à l’évolution de la pensée et de l’intelligence de l’enfant. Il est donc tout à fait compréhensible qu’il mette en lien les apprentissages avec les différents stades.  Dans le courant béhavioriste, l’enseignant est attentif aux possibilités et à l’évolution individuelle de chaque élève. Il propose des activités adaptées aux besoins de l’enfant, pour le faire progresser. Ainsi, l’élève a une progression propre à lui-même, propre à son rythme. Il est souvent en situation de réussite car il suit son évolution, il est donc en mesure de réussir ce qu’il entreprend, grâce à des objectifs précis et des activités pensées soigneusement par l’enseignant.

Ces deux modèles d’apprentissage sont fondés sur la répétition. Pour le béhaviorisme comme pour le constructivisme, l’apprenant ne peut comprendre et intégrer les connaissances qu’en répétant les mêmes expériences, et en réutilisant plusieurs fois les mêmes schémas pour les automatiser. On pourrait ouvrir sur l’apprentissage distribué : pour apprendre vraiment, il faut apprendre plusieurs fois, entrecoupé de période de repos.

Ensuite, nous pouvons également constater que ces deux courants sont issus de la même conception de l’éducation nouvelle, c’est-à-dire que ces courants mettent en lumière la pédagogie active. Ils font en sorte que l’enfant soit actif dans ses apprentissages : il doit être acteur de son éducation. Elles affirment que c’est en  agissant, en résolvant des situations/problèmes que l’on apprend. L’apprenant doit donc être motivé et constructif.

Enfin, pour conclure sur les similitudes et les ressemblances de ces deux courants de pensée, nous pouvons les relier avec les TICE. En effet, on remarque qu’il est possible d’inclure des outils TIC sans être en contradiction avec les pédagogies de chaque modèle. Nous pourrions même ajouter que les outils TIC les valorisent et démontrent leur utilité en les appliquant à une réalité sociale, à l’évolution de notre société.


DIFFÉRENCES :


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Si de nombreuses similitudes et ressemblances entre ces deux courants ont pu être démontrées, il existe cependant des différences importantes à noter. Nous pourrions commencer par expliquer les deux visions bien différentes que possèdent ces théories concernant les apprentissages. Ainsi, le béhaviorisme place les apprentissages au cœur de son enseignement alors que pour le constructivisme, cet apprentissage est centré sur l'élève. C’est l'apprenant qui est au cœur de la construction de ses connaissances. Il y a donc deux conceptions pédagogiques bien différentes l’un de l’autre. Elles divergent quant à la conception de l'objectif de leur apprentissage. En effet, le béhaviorisme tend au formatage d'un être par l'inculcation de comportements et par le retrait de certains autres, alors que le constructivisme n'est pas dans cette instrumentalisation de l'apprenant. Il vise à l’émancipation et à l’autonomisation de l'individu.

Parmi les diversités de points de vue, nous pouvons remarquer que le béhaviorisme prône une progression suivie de très près : l’apprenant est encadré stade par stade, des parcours sont prédéfinis et l’élève doit passer par chaque étape, la valider, pour pouvoir ensuite passer à l’étape suivante. A l’inverse, le constructivisme encourage la liberté de l’élève dans ses apprentissages : c’est à lui d’explorer le monde qui l’entoure, découvrir les phénomènes qu’il observe et c’est à lui de construire et complexifier sa pensée. En classe, l’enfant choisit les domaines qui l’attirent et progresse à son rythme. L’adulte, ou l’enseignant en situation scolaire, devient alors un guide qui suit de loin la progression de l’enfant. Il n’a pour rôle que de le soutenir et l’encourager dans ses apprentissages.

Pour renforcer le point précédent, il est nécessaire d’ajouter que les deux courants divergent sur le type de progression à proposer. Le béhaviorisme présente une évolution de l’enfant par paliers : ils correspondent donc aux comportements attendus pour une certaine étape que l’enfant ne peut valider qu’en montrant ce comportement, qu’en agissant et en prouvant à l’adulte qu’il a acquis tel ou tel comportement. Le constructivisme, différemment, propose une évolution en stades d’apprentissages, sans nécessairement de production de comportements : l’enfant apprend et progresse à son rythme. Ces progrès cognitifs sans contrainte de temps varient suivant chaque enfant, même si Piaget tend à montrer une progression similaire à tous les individus, ce qui explique les différents stades atteints à des âges relativement précis.

Dans la continuité quant à la différenciation des deux modèles, nous pouvons également noter que dans le constructivisme, l’élève apprend en résolvant des problèmes alors que dans le béhaviorisme, les apprentissages résultent d'une modification des comportements. Cela revient à comprendre que le constructivisme vise à l’autonomie de l’élève, les apprentissages ont pour but de permettre à l’enfant de résoudre seul, par la suite, les problèmes auxquels il est confronté, grâce à son expérience passée personnelle. Au contraire, le comportementalisme tend à vouloir inculquer à l’apprenant une expérience, sans prendre en compte sa propre perception des choses et des évènements. Les béhavioristes ont pour but de le conditionner, l’obliger à agir de telle façon à un problème donné.

Pour compléter et étayer les différences que nous retrouvons entre ces deux courants, nous pourrions noter la différente façon de percevoir et de prendre en compte les conceptions initiales des apprenants selon les courants théoriques. Par exemple, la prise en compte des conceptions initiales de l’apprenant pose le contexte de chaque théorie : Dans le béhaviorisme, Watson pense qu’il peut créer l’enfant qu’il veut, peu importe son passé, ses conceptions initiales, et cela seulement par l’éducation qu’il va lui apporter. Selon lui, on ne peut pas savoir ce qui se passe dans la tête de l’enfant, il la compare à une « boite noire ». Or, dans le courant constructiviste, on centre la connaissance sur l’enfant. On considère que c’est l’apprenant qui va construire ses connaissances, et qu’il va pouvoir faire cela seulement à travers ses propres représentations. Elles ne peuvent donc pas être mises de côté mais elles vont être à la fois le point de départ, et le résultat de l’apprentissage. Contrairement au béhaviorisme, le constructivisme pense que chaque enfant construit la réalité, sa réalité, et l’interprète grâce à ses perceptions et à ses expériences personnelles. Pour illustrer mes propos, voici une citation de Bachelard, qui explique bien la manière de considérer les conceptions initiales de l’apprenant : « Quel que soit son âge, l’esprit n’est jamais vierge, table rase ou cire sans empreinte » (Bachelard, 1938). Il est donc nécessaire, dans ce courant théorique, de prendre en compte l’expérience de l’enfant pour construire un apprentissage qui a du sens pour lui.

De même, nous pouvons observer que le comportementalisme ne prend pas en compte les émotions des apprenants, ni ses sentiments ni ses particulières envies. Une citation qui prouve ce point de vue : « Confiez moi une douzaine d’enfants en bonne santé, bien constitués, (…) et je vous garantis que quel que soit l’enfant que je prends je le ferai devenir le spécialiste de mon choix » (Watson). En utilisant la formation « stimili/réponse », Watson ne prend pas en compte les perceptions uniques de chaque enfant, il va plutôt le former, créer les comportements qu’il souhaite. Ainsi, par la seule manipulation, on peut former des enfants à être, à devenir ce que l’on désire. Au contraire, le constructivisme prend en compte chaque aspect qui différencie les élèves entre eux, dont les émotions. Les chercheurs constructivistes ont conscience que l’enfant n’est pas vierge de tout, il n’est pas une table rase sans aucune conception initiale, et il faut donc prendre en compte cela pour l’amener à une éducation complète. Dans cette théorie, les émotions des enfants, tout autant que leurs perceptions et leurs expériences passées sont au centre des apprentissages, et sont même essentielles pour progresser.

Toujours dans le même ordre d’idée, nous retrouvons dans le constructivisme, la volonté que ce soit l’élève qui dirige son apprentissage. Or, dans le béhaviorisme, ce rôle est joué par l’éducateur. De plus, le béhaviorisme s’attarde sur le comportement seul des élèves, alors que le constructivisme s’intéresse à l’épanouissement des élèves.


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